Ce jour est celui qui restera, pour moi, le plus empreint de l'âme japonaise.
Nous visitons le château du shôgun Tokugawa Ieyasu (celui dont nous avions
visité le sanctuaire à Nikkô — nous avons l'étrange sensation de remonter
le temps). Ici tout ruisselle de l'esprit des samourais, et l'on ne serait
pas étonné de voir surgir au coin d'un couloir une horde de soldats en armure
prêts à défendre le shôgun contre une attaque étrangère. Afin de détecter
les intrus, le plancher sur lequel nous marchons (en pantoufles, comme il se
doit), est doté d'une particularité amusante... Il couine !
Au détour d'un couloir nous observons une reconstitution de la salle du conseil
: on peut y apercevoir le shôgun (à gauche), flanqué de ses pages et de ses
conseillers, recevant la visite de ses vasseaux (à droite). L'envie de revoir
"ran" et "kagemusha" de Kurosawa me saisit sur le champ !
C'est ensuite au tour du heian-jingu de nous émerveiller. Cet immense temple
shinto a reçu tout récemment la visite de milliers de Japonais, comme en témoignent
les arbres et les alentours, entièrement recouverts de prédictions en
papillotes. Le contraste des couleurs rouge et verte crée une impression de vie
étourdissante. Plus tard, le Pavillon d'Argent (le ginkaku-ji) offre aux voyageurs
toute l'étrangeté de sa construction qui respecte les préceptes zen. Le
jardin est un gigantesque tas de sable aux formes géometriques épurées...
La fin de la journée sera consacrée à plonger au cœur de l'âme
bouddhiste. C'est au sein du sanjûsan-gendô qu'un millier de bouddhas,
imperturbables, veillent sur la déesse Kannon. Chaque sculpture arbore une
posture légèrement différente des autres, l'impression d'ensemble est
troublante. Nous marchons à pas feutrés de peur de déranger leur méditation.
La déesse Kannon, quant à elle, est représentée avec onze visages, et il
s'agit en fait d'un boddhisatva : elle a renoncé à atteindre l'état
d'illumination pour aider les hommes à l'atteindre par eux-mêmes. Quand elle
aura décidé d'atteindre l'illumination, elle deviendra un bouddha. Toutes ces
notions, étrangères à notre compréhension occidentale, frappent à la porte
de nos esprits. Frustration d'entrevoir cette culture fascinante par une si
petite ouverture :o)
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