Nous entamons cette longue journée par l'achat de souvenirs et de cartes postales
à Akihabara — le quartier électronique de Tôkyô (on y trouve également tout un tas de souvenirs). On trouve, à tous les étages des
tours LAOX, suffisamment de variétés d'appareils d'électroménager pour
répondre à
tous les besoins du consommateur lambda, et une débauche de laptops et d'appareils
photos numériques à prix cassés qui resteront pour nous dans le domaine de l'inaccessible.
C'est la première fois depuis le début de notre voyage que nous sommes laissés à
nous-mêmes : il faut donc nous débrouiller seuls en japonais. Tout se déroule sans heurts,
il faut cependant arriver à jongler avec la frustration de ne pas pouvoir comprendre 90%
de son environnement. L'avantage c'est que nous ne nous laissons pas polluer par la
surcharge d'informations dont sont friands les Japonais. Les panneaux d'affichage et les
écrans lumineux glissent sur nous sans nous affecter. S'il était possible de désactiver
le filtre de la compréhension une fois de retour en France, quelle sérénité nous gagnerions !
Nous nous promenons ensuite du côté de Kanda et de Jimbôchô (le quartier des libraires).
Comme presque partout ailleurs dans le monde, c'est dimanche, et les magasins sont bien
évidemment fermés... La promenade ne présente donc qu'un intérêt limité.
Le réveillon s'annonce enfin ! L'effort vestimentaire est de rigueur : nous
allons passer la soirée dans un des hôtels les plus huppés de la ville, en compagnie
de la famille d'Eriko et Alexis. Monsieur et Madame Kataoka, les parents d'Eriko, parlent
bien anglais, nous arrivons donc à nous faire comprendre. Sont également présents la
grand-mère d'Eriko, ainsi que sa belle-sœur Shizuka, et Yuki sa fille.
"Hajimemashite" et "konban wa" sont les mots-clés du moment (le premier signifie "enchanté" et l'autre
"bonsoir"). L'ambiance, aussi
surprenant que cela puisse paraître, est aux couleurs de Hawaï. Le menu s'en ressent :
cocktails à base de rhum et de jus d'ananas, plats de poisson à la sauce coco épicée.
L'atmosphère est détendue, quelques danseuses Hawaïennes égayent l'assistance. Enfin,
sonnent les douze coups de minuit, et pour ne pas faillir à la tradition, nous mangeons
les toshikoshi-soba, des nouilles sensées nous apporter la bonne santé pour l'année qui
vient (essayez de manger des nouilles tout en buvant une coupe de champagne, sensations garanties !).
"Akemashite omedetô gozaimasu!", répondons-nous aux "Happy new
year!" de nos hôtes.
La coutume veut qu'avant d'aller se coucher, ce soir-là, tout le monde aille au temple
le plus proche pour formuler un vœu devant l'autel. C'est là
notre deuxième bain de foule. Nous traversons une partie du quartier à pieds pour rejoindre
le yasukuni-jinja à la réputation controversée (c'est ici que sont vénérées les âmes des soldats morts
pendant la seconde guerre mondiale, et le yasukuni-jinja est le repaire d'une certaine
frange nationaliste au Japon). En remontant lentement l'allée qui mène à l'autel, nous
remarquons les comptoirs de vente de porte-bonheurs et d'exorcismes qui sont toujours ouverts
(il est 1h du matin !). Nous achetons une flèche porte-bonheur (littéralement : qui repousse
le mal). Ailleurs, un grand bûcher recueille les flèches de l'an dernier,
le premier jour
de l'année étant l'occasion d'exorciser l'année écoulée. Une fois parvenus
à l'autel nous
attirons l'attention de l'esprit qui règne en ce lieu en frappant deux fois dans nos mains,
puis formulons un vœu. Ne pas oublier la petite pièce de 50 yen qui ira rejoindre ses
innombrables congénères dans le tronc prévu à cet effet !
Au sortir du temple un grand panneau est recouvert de plaquettes qui arborent toutes
le symbole zodiacal de l'année qui commence, différemment mis en scène. Dernier petit
plaisir de la journée : la lente marche retour vers la maison en sirotant un verre de
saké chaud et sucré... et l'attente des trop rares métros qui circulent exceptionnellement
cette nuit.
|
|