conversation de nuit

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Le trajet du retour s'effectue de nuit : après de multiples prises de renseignements nous parvenons à apprendre (et surtout nous faire confirmer) l'existence d'un train qui part d'Oogaki et qui arrive à Tôkyô vers 4h du matin. Ce train est surtout emprunté par les étudiants qui profitent de l'occasion pour rentabiliser leur carte "seishun 18 kippu". C'est la formule la plus économique pour voyager en train au Japon : sur cette carte, qui coûte 11 500 yen, il y a la place pour cinq tampons. Un tampon donne le droit de voyager sur tout le réseau ferroviaire (sauf shinkansen et certains trains rapides) pendant toute une journée, en changeant autant de fois que l'on désire. Si le train voyage de nuit, il faut faire tamponner son billet deux fois (au départ et à l'arrivée, car le trajet est à cheval sur deux jours). Nous avions acheté une carte chacun dès notre arrivée à l'aéroport de Narita, et elle est maintenant presque entièrement consommée.

Nous arrivons à la gare d'Oogaki très en avance. Des files d'attente ont pourtant déjà commencé à se créer. Les Japonais, on ne le dira jamais assez, font preuve d'une discipline hors du commun lorsqu'il s'agit de faire la queue : ils attendent sans broncher pendant plus d'une heure en face du repère bleu peint sur le quai, repère qui marque l'endroit précis où le train va s'arrêter. Nous prenons notre place dans la queue (ce voyage est une école de la patience finalement...). Pendant que Philippe attend, je pars à la recherche de nourriture. Enfer, la gare est pratiquement vide, et tous les magasins sont fermés. En marchant dans les rues alentour je ne trouve qu'un vendeur de takoyaki (boulettes de poulpe grillées et arrosées de sauce shôyu) auquel j'achète sa dernière quinzaine de boulettes. Ce maigre repas chaud est le bienvenu et nous aidera à tenir jusqu'au petit matin. Dans le train un homme, visiblement éméché, nous aborde : la boisson doit l'aider à surmonter sa timidité — jusqu'à présent personne ne nous a adressé la parole. Il nous demande poliment d'où nous venons, et la conversation s'engage en japonais. Nous apprenons qu'il a passé des vacances en France il y a 27 ans, et l'évocation de quelques noms de lieux lui rappelle d'agréables souvenirs. Nous nous séparons quelques arrêts plus loin, ravis d'avoir pu établir un contact, aussi éphémère soit-il.

Dans l'après-midi, après un repose réparateur, nous effectuons une très rapide visite du musée national de Tôkyô. Splendeurs et raffinement...

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