Nous consacrons la matinée à la visite de Nara, capitale du
Japon et berceau de la culture japonaise il y a plusieurs centaines d'années.
De prime abord, la ville n'est pas très reluisante et pâtit de la comparaison
avec Kyôto (peut-être nos esprits embrumés et gavés de temples splendides se
sont-ils accoutumés aux superlatifs ? ou alors les peaux de saucisson qui
s'accumulent sur nos paupières nous empêchent-elles de profiter pleinement de
la beauté des lieux). Nous marchons à travers les rues et les parcs où les
daims circulent en toute liberté (surtout ne pas commettre l'erreur de leur
donner à manger les biscuits spéciaux que des marchands vendent aux touristes
pour la modique somme de 100 yen, sinon ils ne vous lâchent plus), pour
arriver, après une très courte visite du kôfuku-ji et de sa pagode à cinq étages,
devant le tôdai-ji. Ce bâtiment est la plus grande construction toute en bois
du Japon, et elle abrite une sculpture du bouddha Amida assis en position du
lotus. À l'intérieur du temple, deux immenses statues féroces montent la garde et veillent sur la méditation du Bouddha. Après
avoir ressenti la puissance qui émane de ce lieu, les crêpes okonomiyaki que
nous mangeons sur des plaques chauffantes installées sur chaque table du
restaurant où nous avons choisi d'échouer nous remettent d'aplomb !

De retour à Kyôto, nous avons le temps de visiter le hongan-ji. Immense
temple-école scindé en deux bâtiments, il abrite quelques calligraphies et
salles de cérémonie resplendissantes.

Avant de prendre le train du retour pour la capitale, nous flânons dans un
centre commercial du centre ville. C'est l'occasion de découvrir la marque
"comme ça" (en français, oui oui) : il s'agit d'une marque de vêtements
(à l'origine) qui se décline maintenant en produits de tous les jours, et dont
le slogan, lui aussi décliné à l'envi, est accordé à la sauce "comme
ça" : on trouve des habits "comme ça du mode" ou encore
"comme ça boys", "comme ça des caleçons", etc. L'état
d'esprit "comme ça" est devenu le "comme ça-ism". On se
surprend aussi à évoluer dans un étage consacré à la marque
"muji", qui littéralement signifie "sans marque" (courage
Naomi Klein, courage...). Impression très clinique de vivre dans un espace hygiénique
où tout est blanc et pasteurisé, où les seules touches de fantaisie
proviennent d'un classeur assorti au canapé couleur acier ou kraft, ou les
senteurs n'existent pas et où la conception de la vie moderne oscille entre
design Ikea et recyclage eco (la salle de bains du loft existe, nous l'avons
rencontrée)...
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