Les préparatifs du voyage se sont accélérés au cours des deux derniers mois :
repérage des lignes de train, consultation des guides (Lonely Planet toujours
incomparable !) et une certaine excitation mêlée de crainte. C'est la première
fois que je retourne au Japon, y retrouverai-je ce sentiment de déracinement
total qui m'avait fait sentir, il y a un an et demi, que je pourrais ici me
sentir chez moi ?
Cette fois Philippe m'accompagne. Son enthousiasme et son excitation me réconfortent
et me font ressentir encore plus ma responsabilité de guide. Une fois lâchés
dans la ville il faudra nous débrouiller seuls. Révision des katakana et
hiragana, quelques kanji et phrases passe-partout. Le guide de conversation
en poche, nous sommes prêts !
Nous arrivons de bonne heure. Hélas de l'avion nous n'avons rien pu voir du
décor de cinéma qui accueille traditionnellement les Japonais : le mont Fuji
par-delà les nuages. L'aéroport de Narita est envahi, les fêtes du nouvel an
sont l'occasion de se retrouver en famille. Pour nous tout est différent, j'ai
d'ailleurs l'impression de me retrouver en plein cœur d'un reportage pour le National
Geographic, l'œil ouvert (à demi) et les sens en alerte. Premier contact avec
le bureau d'informations pour touristes, je demande en japonais s'il est
possible de parler anglais ! J'aime cette immersion dans un bain de langues pas
vraiment bien défini. Au cours du séjour nous manierons ainsi l'anglais, le
japonais, les mouvements de bras et les hochements de tête, sans oublier le
français : notre hôte Alexis et sa femme Eriko seront un pont linguistique
inestimable pour notre survie !
Pour l'instant notre première mission c'est d'arriver sans encombre chez Alexis
et Eriko. Je m'emploie à
comprendre comment fonctionne le système de trains locaux de Tôkyô. Sur une
même ligne circulent des trains "locaux", des "semi-rapides", des "express", tous
ne s'arrêtant pas aux mêmes gares. Après quelques hésitations nous prenons un
semi-rapide jusqu'au cœur de la ville. La ligne est extérieure la plupart du
temps, le soleil de midi nous berce.
Alexis et Eriko habitent le quartier d'Ayase, au nord-est de Tôkyô.
Si j'ai revu Alexis il y a seulement trois mois,
je n'avais pas vu Eriko depuis son mariage. Ces retrouvailles nous font chaud
au cœur ! Nous marchons jusqu'à leur appartement, nous sommes fatigués du
voyage en avion. J'ai la sensation que je retrouverai le Japon seulement demain,
pour l'instant tout me paraît flou, comme quand on se réveille après un rêve et
qu'on essaye de retenir quelques impressions fugaces. Je me souviens ainsi des
odeurs de la nourriture alors qu'Eriko nous prépare des crêpes okonomiyaki
(sorte de crêpe fourre-tout qui signifie littéralement "tout ce que vous aimez").
Réminiscence du précédent voyage : à notre arrivée en avril 1999 nous avions
mangé les mêmes crêpes.
L'appartement est petit (il est tout à fait dans la moyenne des appartements
japonais) mais remarquablement confortable. Notre chambre est dépouillée, le sol
est recouvert de tatamis et nous dormirons ce soir (c'est tellement loin !) sur des
futons. Je renoue le contact avec Michou, la chienne d'Eriko. C'est une chienne
carlin assez agitée ! Alexis
quant à lui possède un chat, qu'il a appelé Leo. C'est un "chat de combat" particulièrement
ombrageux...
En fin d'après-midi nous décidons de plonger dans Tôkyô. Nous
visitons les quartier de shinjuku (le quartier des affaires), kabuki-chô
(restaurants et bars "hot"), et nishi-shinjuku (le quartier où les plus grands
conglomérats nippons ont leur siège) puis
nous montons tout en haut du Tokyo City Hall, où depuis l'observatoire
circulaire "norte" nous jouissons d'une vue imprenable sur la ville. Voilà donc notre
terrain de jeu et d'exploration pour les deux semaines à venir !
En rentrant je retrouve l'odeur et le goût des ramen (nouilles chinoises). Puis nous
succombons au charme du bain. Difficile de résister, quand on
sait qu'ici les maisons ne sont pas chauffées ! |
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